Peu habituée à boire de l’alcool, le simple verre de vodka qu’elle avait ingurgité faisait de plus en plus d’effet. Au moment où Roscoe se planta de nouveau à côté d’elle, après lui avoir apporté un autre verre et la bouteille par la même occasion, elle sursauta alors qu’il recommença à parler.
Elle prit le verre qu’il avait posé sur la table et le bu plus doucement cette fois-ci, tout en écoutant le serveur lui parler de sa culpabilité. Elle avait du mal à rester calme alors qu’il lui parlait de son frère. Un psy, elle en avait consulté un à New York, quand des insomnies lui avaient dérobés son sommeil. Il ‘avait aidé à dompter ses cauchemars qui lui empoisonnait la vie et c’était grâce à son aide également qu’elle avait trouvé sa voie : aider les autres...
Elle avait terminé son deuxième verre de Vodka qu’elle reposa sur la table et elle se sentait comme dans du coton. L’ivresse s’installait en elle à mesure qu’elle digérait l’alcool qu’elle avait avalé.
Quand Roscoe se tut quelques instants, elle le regarda, malgré le bien-être que lui procurait l’alcool, elle était toujours énervée contre lui, elle allait lui répondre quand Roscoe lui posa une question qui semblait le mettre hors de lui :

Ce gars la rendait très nerveuse, qu’est ce qu’il avait à lui poser ce genre de question. Elle avait envie de laisser tomber, de ne plus rien lui répondre, mais l’alcool avait comme effacer certaines inhibitions chez Maureen et elle se fit un plaisir de lui rétorquer :
- Mais sur quelle planète tu vis ! Les cancans de New Carby n’ont pas filtré jusqu’à tes oreilles. On m’a confié un Ranch, on m’a fait confiance, je devais rester. C’est là que j’ai eu l’idée de m’occuper des jeunes. Ca n’a rien à voir avec la culpabilité. Je ne me sens pas coupable de la mort de mon frère, c’est l’alcool qui a fait une bonne part du boulot dans cette affaire, l’alcool et des loosers qui l’ont entrainé vers le fond. J’étais qu’une gosse, j’ai fais ce que j’ai pu pour l’aider. Tu me juges.... Vous me juger tous dans cette ville mais vous essayer même pas de comprendre ce que je fais....
Maureen en avait marre de cette dispute qui n’avait pas lieu d’être. Elle était venue boire un coup en souvenir de ses parents et cet abruti de serveur avait commencé à lui pourrir la soirée. Elle ne le comprenait pas. Soudain, elle sentit une irrésistible envie de pleurer l’envahir mais fit tout son possible pour retenir ses larmes.
- Je ne suis pas revenue pour Jason, pauvre idiot ! J’étais contente de pouvoir le revoir mais je e suis pas revenue pour lui. Et puis qu’est ce que ça aurait changé. Ca fait deux ans que je suis là et on s’évite plus qu’autre chose. T’inquiète pas, je ne vais pas te le piquer ton pote !
Un regain d’énergie, de colère et de tristesse lui donna la force de se lever. Mais elle se leva peut-être un peu trop vite, sa tête lui tournait. Elle s’accrocha instinctivement au bras de Roscoe, sans même y faire attention, et attendit que ça se passe. Puis elle mit la main sur la bouteille qu’il tenait :
- Tu vas me laisser cette bouteille, tu vas retourner voir tes clients et tu vas me laisser me saouler pour oublier qu’il y a 12 ans exactement je perdais mes parents !
Elle garda la main sur la bouteille, debout, plantée devant lui, attendant qu’il la lâche.



Il bu cul sec son verre qui passa agréablement bien au travers de sa trachée. Il fit un léger sourire, puis il lui dit un air un peu arrogant sur le visage :

- Au faite, on ne fait qu'une trêve que pour ce soir, car demain, tu sera redevenue une peste fouteuse de merde à mes yeux. Ca marche ?

Maureen n’avait toujours pas lâchée la bouteille, même quand il essaya de la raison sur le bienfondé de sa beuverie. Quelque part il avait raison, elle n’avait pas fait le deuil de ses parents. C’était facile à dire pour lui, il avait une belle-mère qui pouvait servir de point de repère, Maureen elle avait tout perdu. Elle se demandait comme lui faisait pour ne pas être toujours affecté par la mort de son père. Mais elle n’aurait pas osé lui demander. Il la détestait, c’était clair, alors pourquoi essayer d’en savoir plus.
Quand il se proposa de boire avec elle, elle fut abasourdit par ce revirement de situation. Il lui arracha la bouteille des mains et elle se laissa retomber sur le canapé. Elle le vit servir deux verres de vodka, puis il le but comme s’il s’agissait d’eau. Elle était un peu jalouse de le voir boire ainsi sans que ça le n’affecte... Assis en face d’elle, il avait levé son verre avant de l’avaler d’une traite... A quoi il jouait...
En parlant de démons, il parlait de la mort de son père ? Difficile de savoir avec lui. Mais le fait qu’il s’invite à sa table ne la réjouissait pas plus que ça. Elle aimait boire seule, en faites elle avait honte de ce petit rituelle qu’elle s’imposait 3 jours par an, mais les vieilles habitudes avaient la vie dure. Bizarrement, toute sa nervosité avait disparu au moment où il avait pris place en face d’elle. Elle était agacée par l’habitude de Roscoe, mais elle avait évacué le semblant de colère qui la faisait trembler quelques minutes plus tôt. L’alcool avait sans aucun doute un rapport avec cet état.
Sa vue était un peu brouillée, elle avait une irrésistible envie de dormir, mais elle prit son verre et bu à son tour. Le liquide lui donna une nouvelle fois un coup de fouet et passa un peu plus facilement dans sa gorge, en faites, elle ne sentait plus rien. Mais quand il lui expliqua que ce n’était qu’une trêve, elle en fut déçue. Maureen n’avait pas spécialement confiance en elle et en la vie. Elle ne voulait qu’une seule chose, être aimée, apprécié par les gens. Et le fait que Roscoe lui dise que le lendemain, elle redeviendrait une chieuse à ses yeux, ça la vexa plus qu’autre chose. Elle posa son verre avec fracas, manquant de le casser, leva les yeux vers lui en fronçant les sourcils et lui demanda :
-Pourquoi tu me détestes ? Qu’est ce que je t’ai fais à toi ? Hein ? J’ai toujours été gentille, je ne vois pas ce que tu me reproches. A peine revenue, avant même que je commence avec mon Ranch, tu m’avais déjà dans le collimateur. J’aimerais comprendre Roscoe ?
Elle posa les mains sous son menton, regardant Roscoe avec un air réprobateur. Attendant qu’il lui explique son comportement déplaisant.